Publié sur le blog de
Sylvie Cancelloni :
Elle est longue à Puteaux la liste de ceux à qui la dure loi de l’expropriation impose de quitter les lieux où ils habitent… de gré ou de force
Puteaux
change vite, la pression urbaine est forte et la voracité de l’EPAD sur
les territoires disponibles implacable. Face à des impératifs d’
»utilité publique », comme dans le cas de l’aménagement d’une ZAC,
l’expropriation est présentée comme légitime. Elle est encadrée et
donne lieu à une procédure légale, objectivée par une proposition des
Domaines, faisant parfois place à des renégociations plus favorables.
Il
ne s’agit donc pas de s’opposer aux expropriations. C’est, osons le
dire, un « mal nécessaire » difficile à endiguer à Puteaux puisque le
Grand Paris (qui, rappelons-le, n’a pas encore d’institutions) nous
impose, comme aux autres villes de la première couronne, une
densification à pas forcés. Qu’on soit de droite ou de gauche, pour ou
contre Jean Sarkozy, on ne peut échapper à cette évolution
Mais on peut les humaniser. Et à Puteaux, d’évidence, il y a des efforts à faire.
Le
passé est lourd : combien de conflits, joués dans l’ombre, n’ont-ils
pas opposé les habitants à la toute-puissance de leur ville ? A
entendre les témoignages des 20 dernières années, beaucoup évoquent la
froide détermination de leur ville et les pressions subies, jusqu’à
l’intrusion dans leur vie privée. ..
Depuis 10 ans, les ZAC
Bergères et Charcot s’édifient lentement à coups d’expropriations. On
en arrive au bout. Pendant toutes ces années, les conseils municipaux
ont délibéré de cas de refus ou de résistances sans imaginer derrière
la réalité des conditions humaines en jeu. C’est le pot de terre contre
le pot de fer : que peut un simple habitant, propriétaire d’une
parcelle souvent en mauvais état, dévalorisée de longue date par
l’annonce de la ZAC, doté la plupart du temps de faibles moyens, de
faibles soutiens et rarement tout jeunes ! Bien sûr, ils reçoivent une
compensation. Mais compte-tenu de la dévalorisation de leur foncier,
ils ne touchent souvent pas de quoi se reloger. Au Conseil du 26
Septembre, l’évocation dramatique de l’un de ces cas, en l’occurrence
une vieille dame, n’a pas ému les foules…
Demain, ce sera le
tour de la ZAC Cœur de ville. Le mot « cœur » est associé à celui de la
ville. N’en manquons pas. Nous ne relogerons pas dans les 36 logements
sociaux à venir tous ceux qui seront expulsés sans toucher de quoi se
reloger. Mais, à partir e notre Centre d’Action sociale dont je
rappelle qu’il a l’un des plus gros budgets d’Ile de France, nous
pouvons pourtant mettre en place un service d’accompagnement. Qui ne
tourne pas le dos aux vieilles dames paniquées, aux couples sans
soutien, aux indigents… qui quittent la place pour la seule raison...
qu'il faut que notre ville soit plus belle.
Bientôt, le tour des
immeubles de la Défense ? Car ne soyons pas dupes : les immeubles
d’habitation ne rapportent rien à l’EPAD ! Les convertir en bureaux est
bien plus lucratif...
L'EPAD réussira-t-il à faire des "droits à
construire des bureaux" un impératif d'"utilité publique"? Je n'ai
presque plus de doutes la dessus...
Sylvie Cancelloni
Conseillère MoDem de Puteaux
(photo :
Flickr)