Publié sur le site de Sylvie Cancelloni :
Au début de cette 3ème année de mandat municipal à Puteaux, dans l’opposition, j’ai envie de faire le point et de partager avec vous l’expérience engrangée et les réflexions qu’elle suscite.
D’aucuns, ville de Puteaux en tête, nous font observer que les élus d’Alternance Puteaux sont toujours « contre ». Qu’ils mèneraient une campagne d’ »opposition systématique ».
Voyons cela ensemble ce qu’il y a derrière cette affirmation…
Les élus d’Alternance Puteaux se sont présentés sur un programme, tourné d’abord sur le postulat qu’il fallait faire de la politique « autrement » à Puteaux. Ce n’est un secret pour personne, et cela a été largement relayé par la presse nationale : les 40 années de ceccaldisme ont laissé un sillage d’argent facile, de populisme, d’autoritarisme et de pratiques clientélistes peu transparentes. Nous avions la conviction que Joëlle Ceccaldi n’était pas une rupture et que, dans un style plus moderne et coquet, elle se coulait dans le moule paternel. La place éminente laissée à la 3ème génération des Ceccaldi, en la personne de son fils Vincent, dont les qualités personnelles n’ont pas encore eu l’occasion de se manifester, est plutôt de nature à étayer cette conviction.
Etre conseiller d’opposition, c’est scruter les stratégies, les choix et les pratiques et nous le faisons en conscience. Nous votons favorablement environ 70% des délibérations. Quand nous nous abstenons ou que nous votons contre, c’est toujours à l’issue d’un travail de réflexion mené avec une équipe d’hommes et de femmes libres, animés d’une exigence pour leur ville, qui viennent amicalement contribuer à notre travail d’analyse (vous y êtes invité si vous le souhaitez). Nous avons créé un réseau de benchmarking et d’évaluation avec les élus des villes de La Défense (Nanterre et Courbevoie), ce qui nous ouvre aux enjeux de demain (La Défense, l’intercommunalité, le Grand Paris). Notre démarche n’est pas partisane, mais ouverte. Notre volonté n’est pas de nuire, mais de comprendre et d’anticiper. Notre groupe d’élus est uni, respectueux de ses diversités. Nous n’avons à rougir ni de nos méthodes, ni de nos convictions, ni de nos principes.
Cet engagement est mené à Puteaux dans des conditions difficiles :
- L’opposition ne reçoit les dossiers qu’au dernier moment. Il faut savoir qu’un Conseil municipal traite en moyenne 40 à 80 questions, parmi lesquelles des sujets d’importance comme le budget pour lequel nous n’avons eu que 4 jours de préparation (185 Millions d’euros, un des plus importants d’Ile de France)
- La plupart des commissions sont fermées aux élus d’opposition (Finances, urbanisme, culture, jeunesse, écoles, HLM…): c’est une situation tout à fait unique dans les villes de la Défense. Cette culture locale d’opacité et d’affrontement a pour conséquence de créer le soupçon. Car pourquoi « cacher » ce qui est transparent ?
- Une tension chronique, dramatisée à l’extrême, transformant toute question en agression caractérisée rendent difficiles l’exercice d’un dialogue raisonné et la collecte d’informations objectives
Mais l’essentiel n’est pas là. Il ne s’agirait que d’ambiance, nous en prendrions notre parti…
Puteaux est une ville riche, à flots, à la démesure, voire à l’extravagance. Elle l’est avec peu de mérite, le hasard géographique étant pour beaucoup. Cette particularité a d’ailleurs depuis longtemps tourné la tête de notre dynastie d’élus : n’a-t-on pas été jusqu’à évoquer les « monarques » de Puteaux ? N’a-t-on pas été jusqu’à entendre dire que même un âne insouciant aurait réussi à développer Puteaux au long de ces années d’abondance ?
Cette situation d’aubaine serait tant mieux pour les Putéoliens si elle n’avait pas plusieurs types de conséquences :
- Un climat délétère de clientélisme qui a beaucoup appauvri la vie de la cité, l’initiative, l’audace, l’esprit de participation.
- Une situation de dépendance excessive : logements sociaux, aides, cadeaux, voyages, invitations, fêtes, peopolisation de la vie locale… Un joyeux happening permanent, au prix du silence et de la critique
- Un sentiment d’exception : rien n’est assez bon, rien n’est assez beau pour se défendre contre la laideur du monde.
- Une gouvernance repliée sur la préservation de ses intérêts personnels et locaux, et peu taillée pour les nouveaux défis territoriaux. Notre sentiment est que Joëlle Ceccaldi ne doit ses postes de Députée et Présidente de l’EPAD qu’à sa discrétion et son insignifiance politiques.
Demain, ou bientôt, tous les socles de la prospérité insouciante de Puteaux vont bouger. La ville en a conscience : au lieu de diminuer l’impôt comme elle le prétend, elle thésaurise en constituant une cagnotte qui la conduira jusqu’aux prochaines élections, sans toucher encore au train de vie de la ville. La ville pourrait encore se permettre à la fois prodigalité et thésaurisation. Mais jusqu’à quand et à quel prix ?
Un peu comme au crépuscule, où jamais le soleil n’est plus beau que lorsqu’il va s’abîmer dans l’instant d’après…
C’est ici que le travail d’opposition s’inscrit et c’est ici que nous nous situons :
- Défendre Puteaux et son identité dans la future intercommunalité que la loi nous impose pour 2014
- Définir la place de cette intercommunalité dans la Grande Défense et dans le Grand Paris
- Le faire dès aujourd’hui, par tous les moyens, sous peine de voir les futures péréquations entre communes favorisées et moins favorisées pénaliser définitivement et durablement notre cité.
Nous n’avons jamais entendu notre Député Maire sur ces questions.
Les élus d’Alternance Puteaux y sont résolument déjà.
Sylvie
CancelloniConseillère municipale "
Alternance
Puteaux"
(photo : Flickr)