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Passerelle François Coty à Puteaux : protestation de Laurent Joly, historien de l'antisémitisme

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L'historien Laurent Joly, spécialiste de l'antisémitisme des années 30 et auteur de plusieurs livres sur le sujet, m'a fait parvenir le texte ci-dessous.
Il proteste contre la décision du maire de Puteaux Joëlle Ceccaldi-Raynaud d'avoir baptisé "François Coty" la nouvelle passerelle sur la Seine, puis d'avoir relayé, face aux critiques, le message de l'arrière-petite-fille de l’intéressé

La mise à l’honneur par la ville de Puteaux de François Coty, millionnaire qui s’était lancé dans l’activisme d’extrême droite, pro-fasciste et antisémite, après la Grande Guerre, paraît difficilement justifiable.

Que l’arrière-petite-fille de l’intéressé ait à cœur de réhabiliter son aïeul, c’est son droit le plus strict. Mais que la maire de Puteaux relaye sa prose contraire à toute vérité historique n’est pas responsable.

Les travaux des historiens (Fred Kupferman, Ralph Schor, Pierre Milza, etc.) sont unanimes : Coty, homme de presse et homme politique, ne reculait devant aucune démagogie pour défendre ses idées extrémistes et ses ambitions mégalomaniaques.

Il a fait perdre au Figaro 90 % de ses lecteurs en raison de ses outrances et de son admiration inconditionnelle pour Mussolini. Il a lancé l’un des groupuscules fascistes (« Solidarité française ») les plus virulents au moment de l’émeute antiparlementaire du 6 février 1934.

Pire encore, il a donné à l’activisme antisémite une audience extraordinaire grâce à la force de frappe de L’Ami du Peuple – intense campagne de presse de 1932 animée par Urbain Gohier, Henry Coston ou Jacques Ditte qui séviront sous l’Occupation.

Au plan national, François Coty s’est avéré un acteur politique à la fois nocif (il a popularisé l’antisémitisme et la xénophobie comme personne à son époque, grâce à son argent et à son empire de presse) et extrêmement mal avisé (il s’est ruiné, a échoué). Le remettre ainsi à l’honneur est tout simplement insensé.

Laurent Joly

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