Urbanisme à Puteaux : préserver notre patrimoine, plutôt que de faire du "Disneyland"
vendredi 27 septembre 2013
Lors du conseil municipal de Puteaux du jeudi 26 septembre 2013, plusieurs décisions soumises aux élus concernaient le PLU (plan local d'urbanisme) et la ZAC des Bergères. Où l'on voit que la majorité UMP mène sur pratiquement l'ensemble de la ville une politique de table rase du patrimoine urbain pour le remplacer par une architecture au style "Disneyland" marqué. Pratiquement, car un secteur est préservé : le quartier de la Coline, derrière l'Hôtel-de-Ville, où habite le maire.
A quelques mois de l'élection municipale, comme par hasard, la majorité UMP a décidé de modifier le PLU pour limiter un peu la hauteur des tours sur le secteur de la Rose de Cherbourg en lisière de La Défense : 200 m au lieu de 300. Le projet de Jean Nouvel, décidément malchanceux avec La Défense, se trouve donc limité. Mais remarquez que rien n'empêchera l'UMP de revenir sur sa décision après l'élection, puisque ce chantier de tour est loin d'être engagé. Cette limitation a surtout pour objectif de calmer l'inquiétude des riverains avant un scrutin municipal qui s'annonce difficile pour le maire sortant Joëlle Ceccaldi. Ensuite... qui nous garantit que l'UMP locale, qui modifie le PLU en fonction de chaque projet immobilier, ne changera pas encore d'avis. Rien, sauf à les sortir en mars prochain.
J'ai fait plusieurs interventions jeudi en séance. Les voici :
Question
8. Autorisation au Maire de déposer une demande de permis de démolir un
bien situé 20 rue Pierre Curie à Puteaux (quartier des Bergères)
Nous nous ABSTENONS.
Il
s'agit d'un immeuble de 4 étages en brique et pierre meulière. Dommage
de le détruire ! Dans la ZAC des Bergères, le renouvellement urbain se
fait par une politique de table rase. Ce n'est pas comme si on
détruisait des entrepôts industriels sans âme. Ici on a détruit et on va
encore détruire des bâtiments avec des commerces et des logements.
Combien de logements ont été détruits dans cette opération de
destruction massive ? Des centaines ! Quelques bâtiments auraient pu
être conservés : on aurait pu les rénover, les surélever, faire des
extensions. Ce sont d'autres manières de faire de la densification, que
nous savons par ailleurs nécessaire. On aurait pu imaginer des quartiers
neufs, mais qui conservent quelques traces du passé mis en valeur : des
pépites qui servent de signe, de repère pour les nouvelles
constructions.
Question 13. Cession amiable d’un terrain nu sis 2-4 rue des Fusillés de la Résistance.
Nous nous ABSTENONS.
Ce quartier entre la place des Bergères
et la rue des Bas-Rogers (à la limite de Suresnes), va subir la
politique de table rase de la majorité municipale : on détruit tout et
on recommence. On détruit du logement et des commerces, des immeubles et
des pavillons. C’est vrai que l'incapacité de la maire et présidente de
l'office communal HLM à gérer la rénovation de la résidence HLM des Bergères démontre que cela aurait difficile pour elle d'imaginer une alternative.
Ici, on cède du terrain municipal au conseil général des
Hauts-de-Seine pour permettre l'élargissement à 20m de la rue des
Fusillés, afin de la caler sur l’alignement de Suresnes. Pourquoi ?
Parce que les bâtiments que la municipalité va construire sur cette rue
vont être beaucoup plus hauts que ceux qui existent : jusqu’à 30 mètres !
alors qu’au moment de l'adoption du PLU en 2011, le maire Joëlle
Ceccaldi s'était engagée auprès des habitants à limiter les hauteurs des
immeubles sur ce secteur à... 21 mètres.
De plus, lorsqu’on
voit les premiers permis de construire signés ou en cours de signature,
on a de quoi s’inquiéter : on passe du style néo-haussmannien avec
toiture en ardoise (projet Godedim) au néo-normand avec faux colombages,
rotondes et toiture en tuile (ilot K&B, rue des Bas-Rogers), en
passant par du style néo-italien (îlot Seger, rue Pierre Curie) avec
rivière intérieure et donjon médiéval ! Le summum du mauvais goût, du
Disneyland sur 9 étages. Une accumulation de styles pastiches, sans
cohérence, ni entre eux, ni avec l’environnement existant. Ces projets
sont vendus sous le signe de l’authenticité, alors qu’il n’en est rien.
Sur la place des Bergères, le PLU voté par la majorité UMP prévoit même des hauteurs de 75 mètres (Zones C sur la zone UPM4) !
Malgré
les transitions de hauteurs vers les pavillons avoisinants, rue des
Bas-Rogers, et une petite augmentation vers le nord de la zone UD, ces
projets vont changer l’échelle du quartier de façon significative.
Contrairement à ce que prescrit le PLU de Puteaux, tout cela porte
atteinte au caractère pavillonnaire de ce secteur du haut de Puteaux
(rue Pasteur et rue des Bas-Rogers).
Pourquoi densifier autant ce
quartier aux portes de la ZAC des Bergères qui sera déjà un secteur de
forte densification ? On aurait pu imaginer une progressivité dans la
hauteur des bâtiments depuis l’entrée de ville jusqu’à la nouvelle place
des Bergères. Comment le maire peut-il justifier la hauteur de 30
mètres adopté par tous les promoteurs, alors qu'il avait promis aux
riverains une limitation à 21 mètres ?
Nous
réclamons un document faisant le point sur l'état d'avancement de cette
opération des Bergères : quel est son phasage, son calendrier
prévisionnel, quelles sont les parcelles en voie d'acquisition, etc.
Pour
notre part, sur la ZAC des Bergères, nous tenterons de réorienter le
projet architectural. Nous veillerons à la qualité des immeubles
réalisés, à la qualité des espaces publics et à l'ouverture de ce
quartier sur la ville.
Question 16. Prescription de la modification n°2 du Plan Local d’Urbanisme et mise en enquête publique.
Nous nous ABSTENONS.
Faute
de participer réellement au développement de La Défense, la
municipalité UMP n'a finalement qu'un rôle de limiteur des hauteurs de
tours. L'architecte Jean Nouvel remarquait récemment que la skyline de
La Défense est dissymétrique : les grandes tours sont au Nord, côté
Courbevoie. C'est vrai si on considère les derniers projets construits
ou à construire : First, Ermitage.. Le nouveau projet de la Rose de
Cherbourg, à Puteaux, est une façon d'impulser une dynamique sur l'autre
versant de La Défense. Nous y serions favorables si un vrai débat
public, transparent et démocratique avait eu lieu et si nous avions le
sentiment que la ville de Puteaux avait la capacité et l’envie de se
faire entendre des décideurs publics (EPADESA) pour garantir une bonne
intégration des projets dans l'environnement urbain.
Pour le
quartier Colline, derrière l'Hôtel-de-Ville : la majorité UMP décide de
fixer des hauteurs inférieures à celles de quartier pavillonnaire
Pasteur-Bas-Rogers proche des Bergères. Les immeubles ne pourront pas
dépasser 5 ou 6 étages contre 8 ou 9 aux Bergères. La pente n'est pas un
élément qui pourrait justifier des hauteurs limitées puisque
précisément les immeubles sont plus dégagés. Pourquoi ce traitement de
faveur ? A mon sens, la réponse vient essentiellement de la volonté de
préserver ce quartier au contraire de celui de l’entrée des Bergères par
Suresnes. Donc pas de densification, ni d'élargissement de voirie. Cela
montre une certaine injustice, qui ne s’explique pas, bien entendu, par
le fait que le maire habite ce quartier de la Colline.
(photos : quelques projets d'immeubles sur la rue des Fusillés et Bas-Rogers)
A LIRE EGALEMENT : Conseil municipal du 26 septembre à Puteaux : Questions sur le Plan local d'urbanisme, sur le site de Nadine Jeanne, conseillère municipale PS de Puteaux