Histoire de Puteaux : en 1789, les Putéoliens réclament moins d'impôts et des élections
lundi 19 août 2013
Nous poursuivons notre Histoire de Puteaux. Nous avions quitté les 600 habitants de Puteaux en 1744 : la paroisse était désormais autonome de Suresnes ; le village agricole se développait doucement. Avançons d'une quarantaine d'années, jusqu'à 1789 et la Révolution Française. Comment les Putéoliens traversent ces bouleversements ?
Fin 1788, placé devant une grave crise politique et économique, le roi Louis XVI convoquent les Etats Généraux pour l'année suivante. Chaque village de France est alors invité à remplir un cahier de doléances. Les Putéoliens participent à cette consultation nationale. Dans leur texte, ils dénoncent la proportion exorbitante des impôts : "Le village de Puteaux, dont le territoire ne contient que 600 arpents, paye 10.200 livres de taille et plus de 3.000 livres de vingtièmes" (Taille et vingtième étaient les 2 impôts directs calculés sur les revenus et les biens fonciers). "Ce poids énorme d'impositions accable les habitants, absorbe tout le fruit de leur sueur et de leurs travaux". Les Putéoliens réclament donc un "impôt unique payé par tous sans distinction et porté au trésor en droiture".
Toujours très soucieux de leur indépendance, ils proposent aussi la création d'une administration municipale : "Qu'il soit établi dans les paroisses un corps municipal élu tous les deux ans par les habitants, à qui on confiera le soin et l'exercice de la police, qui veillera sur les moeurs et prendra connaissance de tous les différends pour les terminer à l'amiable et sans frais".
On connait la suite des évènements. En juin 1789, les Etats généraux se transforment en Assemblée Nationale. En août, l'Assemblée supprime les droits féodaux et en décembre, elle décide la création des communes dotées d'une municipalité élue par ses habitants.
Le 7 février 1790, à 10h du matin, quelques dizaines de Putéoliens se réunissent dans leur église. Par 44 voix sur 77 votants, Guillaume Nézot devient le 1er maire de Puteaux. Par 32 voix sur 52 votants, sont désignés les Notables formant le Conseil Général de la Commune : Pierre-Denis Hutray, Jacques Nezot, Philippe-Joseph Gault, Louis Nézot Père, Michel Gilbert, François Jean, Marius Hennier, Claude Pate, Jacques Nezot fils, François Jean. Pour assister le Maire, 5 membres composant le corps Municipal sont désignés par 50 voix : Guillaume Julien, Antoine Jean, Pierre Nézot, J. Jacques Joachim Martin et Charles-François David. Chacun jure d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi.
La Municipalité se réunit chaque semaine, le mercredi à 6h du soir en été et à 3h en hiver, sous peine de 10 sous d'amende pour chaque absent.
Puteaux se dote aussi d'une Garde Nationale sous le commandement de Julien Gohin. Le 4 juillet 1790, le drapeau de la Garde est béni par le curé de la paroisse, Louis-Eustache Noël.
En ces temps agités, aucune situation n'était stable : en novembre 1790, Guillaume Nezot est remplacé par Philippe Gaut, puis en mars 1791 par une autre Nézot (Pierre).
En 1792, la monarchie est abolie et la République proclamée. Le 10 novembre 1793, un arbre de la liberté est planté devant l'église de Puteaux. On brûle le premier drapeau de la Garde Nationale qui arborait des fleurs de lys, signe royal. Un autre drapeau est offert à la commune par le citoyen Gohin.
C'est la période de la Terreur. En 1793, l'église du village est transformée en "Temple de la Raison". On y célébre "l'être suprême", selon la volonté de Robespierre et de la Convention de remplacer la religion catholique par un culte civique et Républicain. Le curé Noël, qui a pourtant juré fidélité à la constitution civile du clergé, est emprisonné, mais "40 concitoyens sont venus réclamer ma liberté, se porter caution de moi et j'ai eu ma délivrance. Mais alors on m'impose la condition de me marier", témoigne le religieux. Le mariage civil a lieu dans l'église de Puteaux. Louis-Eustache Noël épouse Marie-Madeleine Drujon, une veuve de 36 ans qui est venue s'installer dans la commune. Ils adoptent une fillette...
Le 28 juillet 1794, Robespierre est à son tour guillotiné. C'est la fin de la Terreur. Cet évènement a un écho jusqu'à Puteaux : Robespierriste déclarée, Jacqueline Barzan, la meunière de Chantecoq, est retrouvée un matin d'août 1794 pendue à une aile du moulin. Un papier est attaché à sa robe : "Ainsi périssent les ennemis du trône et de la religion". Les contre-révolutionnaires étaient-ils de Puteaux ou d'ailleurs ? Personne n'a jamais retrouvé les meurtriers de la meunière de Puteaux... En juin 1795, à la demande de citoyens putéoliens, l'église est rouverte au culte.
Une nouvelle page s'est tournée dans l'histoire du petit village de Puteaux.
A suivre...
(photo : le moulin de Chantecoq)