Réaménagement de la Rose de Cherbourg à Puteaux : les habitants doivent être entendus (Modem Puteaux)
mercredi 19 décembre 2012
Lundi
17 décembre 2012, une réunion sur la concertation autour du projet de
réaménagement de la Rose de Cherbourg s'est déroulée au palais de la
culture de Puteaux. 3 représentants de l’Epadesa (l'aménageur public de La Défense)
et le maire Joelle Ceccaldi Raynaud étaient présents à la tribune. Un
représentant de Defacto (le gestionnaire des espaces publics de La
Défense) était également dans la salle et a eu l'occasion de répondre
aux nombreuses questions des habitants du quartier.
Quatre
ateliers organisés par l'Epadesa avaient fait apparaître les demandes
des participants sur ce projet, habitants de la ville, souvent résidents
du quartier Boieldieu.
En début de réunion, nous avons été
rassurés d’entendre que ce quartier serait conservé. Ce qui signifie a
contrario que sa destruction semble avoir été envisagée. Cela fait
apparaître l’incertitude hors du commun dans laquelle vivent les
habitants de La Défense, qu’ils soient locataires de grandes entreprises
ou propriétaires de leur logement.
Cette concertation a été
l’occasion de faire rêver. Un espace vert de plus de 2 ha pourrait être
aménagé, un lieu de vie animé organisé. Alors que le quartier est
actuellement exposé aux bruits des voiries routière et ferroviaire, il
est projeté de conduire une nouvelle campagne de mesures des nuisances
afin d’envisager la possibilité de mettre en place un ou plusieurs modes
d’atténuation du niveau sonore (nouveau revêtement de la chaussée,
réduction des vitesses, dispositifs anti-bruit...). Mais ces
embellissements et restauration sont conditionnés par la vente de
droits à construire.
Or sur cette zone, le PLU (Plan local
d'urbanisme qui remplace l'ancien Plan d'occupation des sols) de Puteaux
autorise une hauteur maximale de 300 mètres. Joëlle Ceccaldi Raynaud
assure qu’elle « préconisera » une hauteur de 200 mètres. Mais le PLU
fixe des règles opposables aux constructeurs, il n’a pas vocation à «
préconiser des hauteurs ». Même si le marché immobilier devrait inciter
à la prudence, rien n’interdit à un constructeur téméraire de déposer
une demande de permis de construire un bâtiment supérieur à 200 mètres,
voire égal à 300 mètres, puisque le PLU le permet. Le refus d’un permis
compatible avec le PLU serait-il légal ? C’est peu probable. Si
aujourd’hui, le maire de Puteaux souhaite limiter la hauteur des
constructions à 200 mètres, il semblerait logique de prévoir une «
modification » du PLU sur ce point, procédure simple et assez rapide,
distincte de la révision, et prévue pour des changements n’entraînant
pas un bouleversement du plan initialement adopté. Or, le maire ne
semble pas l'envisager actuellement. Par conséquent, rien n’est clair en
matière de hauteurs. Actuellement le PLU peut permettre une
construction d’environ 100 étages (à raison de 3 mètres par étage) !
Dans
ces conditions, le projet d'aménagement de la Rose de Cherbourg par
l'Epadesa, tout séduisant soit-il, repose sur des bases particulièrement
incertaines. Nous ne connaissons pas le prix à payer pour pouvoir
bénéficier des aménagements exposés et pour l’instant simplement
envisagés. En portant sur les aménagements, la concertation est
trompeuse. Certes, nous avons tous eu l’occasion de nous exprimer lors
de l’enquête publique préalable à l'adoption du PLU de Puteaux. Mais
ceux qui s'étaient alors inquiétés à propos des hauteurs, n’ont pas
influé sur le choix final qui permet bien aujourd'hui de construire un
édifice d’une centaine d’étages.
La réunion a fait
apparaître un fossé entre les préoccupations des habitants présents et
les exposés des personnes assises à la tribune. Ils ne parlaient pas du
même sujet.
Les habitants ont fait part de leurs souhaits portant sur le quartier
de La Défense en général. Il en ressort un certain niveau
d’insatisfaction face à l’existant (notamment, niveau d’entretien du
quartier Boieldieu, un certain sentiment d’insécurité, mauvais
éclairage, liaisons non satisfaisantes entre le centre de Puteaux et les
gares du métro et du RER…).
Au fond, pourquoi investir dans la
Rose de Cherbourg, ce qui exige une augmentation de la densité, alors
que l’existant a besoin d’être prioritairement et rapidement amélioré ?
Certes, Defacto va aussi se pencher sur les constructions d’aujourd’hui
et notamment sur le quartier Boieldieu. Mais tout est flou. Pour
répondre aux nombreuses questions portant sur la vie quotidienne
actuelle, les intervenants, singulièrement Mme Ceccaldi-Raynaud,
reviennent toujours sur la difficulté de résoudre les problèmes
pratiques en raison de la répartition des compétences entre de multiples
personnes morales, l’Etat et ses services déconcentrés, l’établissement
public national Epadesa, l’établissement public local Defacto et les
communes, comme Puteaux, et enfin RFF et la SNCF, dont les installations
sont sources de nuisances sonores.
Nous souhaitons que tous
acceptent de bien vouloir travailler ensemble pour la protection de
l’intérêt général. D'ailleurs, certaines personnes physiques, du fait du
cumul de diverses fonctions et mandats siègent dans plusieurs
structures. Par exemple, Joëlle Ceccaldi Raynaud, maire de Puteaux,
n’est elle pas aussi présidente du Conseil d’administration de l’Epadesa
et vice-présidente de Defacto ? Cela devrait faciliter la cohérence
entre les projets et l’entretien, voire l’amélioration des
infrastructures déjà réalisées. Il semble qu’il n’en n’est rien. C’est
inquiétant.
Une exposition présentera le projet relatif à la
Rose de Cherbourg en mairie de Puteaux. Espérons que ceux qui n’ont pas
pu participer aux ateliers, qui viennent de s’achever, pourront
s’exprimer et redire que ce qu’ils attendent aussi est un entretien
régulier et honnête des constructions actuelles. Nous subissons tous des
travaux extrêmement lourds, nous méritons un minimum d'égards, une
forme bien modeste de compensation.
Claudine Viard
Habitante de la tour Eve
Animatrice du groupe La Défense au Modem de Puteaux