Aménagement d'un nouveau quartier à la Rose de Cherbourg : attention, danger ! (Sylvie Cancelloni)
mercredi 19 décembre 2012
Publié sur le site de Sylvie Cancelloni :
Malgré l’impeccable présentation par l’EPADESA
de son projet de la Rose de Cherbourg (zone située en bas de l’avenue du
Général Leclerc, comprise entre les 4 Temps et les résidences de La
Défense, Boieldieu, Eve et Défense 2000), le dysfonctionnement «
structurel » du mille-feuille Puteaux /EPADESA/DEFACTO sautait aux yeux
lors de la réunion qui s’est tenue lundi 17 décembre 2012 au Palais de
la Culture en présence du maire de Puteaux.
Bien qu’à la
fois ancienne député (ayant donc eu la capacité d’intervenir pour
changer la loi…), présidente de l’EPADESA et vice-présidente DEFACTO, il
était clair que la marge de manœuvre de Joëlle Ceccaldi dans ce
dispositif est extrêmement (anormalement ?) limité. A la plupart des
questions traitant de la vie courante de ce quartier, elle ne pouvait
répondre que d’une seule façon : « ce n’est pas de ma compétence ».
Oui,
on l’entend bien, mais que faire et qui croire ? La vérité n’était pas
dite ! A peine effleurée lorsqu’il a été reconnu que l’ensemble des
aménagements du quartier ne pourrait être financé que par la
construction de nouvelles tours et de nouveaux immeubles. Ce qui veut
dire qu’il faudra donc attendre le chiffrage des aménagements pour
connaître la taille et le nombre des nouvelles constructions qui
viendront les financer…
Certains ont essayé d’obtenir des
réponses : quelle hauteur des immeubles, et combien ? Le maire, qui
connaît parfaitement bien la situation financière très incertaine de
l’EPADESA, s’est esquivée en parlant de « préconisation » : « je
préconise une hauteur de 200 m maximum »… Mais si le coût des
aménagements rend nécessaire la construction de tours de 300 mètres,
quelle est la valeur de la préconisation ? Le Plan d’Aménagement urbain
de Puteaux (PLU) l’autorise ! Le maire ne pourra alors pas s’y opposer,
sauf à se mettre « hors-la-loi » ! La solution, et l’unique solution,
serait alors d’apporter aux riverains une garantie en changeant le PLU,
ce qui est possible, mais l’hypothèse a été aussitôt balayée par le
maire…
On voit bien le « piège » dans lequel cette consultation
enferme les riverains : une fois l’accord passé sur l’aménagement d’un
nouveau quartier, la boîte de Pandore est ouverte : il faudra trouver le
financement correspondant à cet investissement dans des constructions
nouvelles. Ce qu’on aura « préconisé » au départ risque fort de
s’envoler dans la fumée de promesses intenables. Attendre des garanties
et des engagements précis en la matière est une chimère.
J’attire
d’autant plus l’attention sur ce point qu’il m’a semblé que l’attente
des riverains ne portait en réalité pas sur une demande d’aménagement
d’un nouveau quartier, mais sur l’entretien de ce qui existe … De façon
tout à fait surprenante, l’EPADESA - et DEFACTO par conséquence - ont
fait d'ailleurs un inventaire accablant de ce qui avait été laissé par
eux à l’abandon : inaccessibilité partielle pour poussettes et
handicapés, difficile cohabitation avec les 2 roues, sentiment
d’insécurité, panne ou mauvais entretien des éclairages, étanchéités à
l’abandon, délabrement des structures commerciales… On leur répond par «
nouvelle centralité de proximité, nouvelle urbanité du quartier, future
gare (dans 20 à 25 ans) du RER, boulodrome, lieux culturels »… Mais
est-ce la demande qui s’est exprimée ? Et si, en période de crise, on
commençait par réparer, surveiller et améliorer ? Car l’aménagement d’un
nouveau quartier (dont on comprend qu’il peut faire rêver car qui ne
rêve pas d’avoir au pied de chez soi un cinéma, des boutiques, un parc
paysager et un musée ?) n’est-il pas tout simplement un prétexte commode
pour développer des droits à construire dont l’EPADESA a sans cesse
besoin pour financer sa « fuite en avant » financière ?
Attention
donc de ne pas devenir « otage » d’une ambition qui ne serait pas la
nôtre et qui pourrait, à terme, se retourner contre les riverains.
La
question du bruit, du parking sauvage, de la sur-utilisation par les
voitures des rues adjacentes ne risque-t-il pas d’être plus aigu encore
avec ce nouveau projet ?
La Défense et ses développements ont des
logiques… que les riverains ne trouveront pas nécessairement à leur
goût une fois une fois les accords obtenus ; au fond, pour vivre
heureux, vivons cachés ! Le caractère résidentiel des différentes
résidences concernées par le projet d’aménagement, son charme, ses
jardins, ne gagneraient-ils pas à être protégés longtemps encore du
gigantisme des 4 Temps et du futur (et tout aussi géant) aménagement des
Bergères ? Qui pourrait croire sérieusement que de mettre l’expansion
de La Défense au coeur de Boieldieu et de Défense 2000 améliorerait
l’identité et la qualité de vie de ce quartier ?
La crédibilité
d’un maire qui porte plusieurs « casquettes » souvent contradictoires
doit s’évaluer avant. Après, il est trop tard et de nombreux intérêts
sont en jeu dans cette affaire…
J’encouragerais volontiers, pour
ma part, chaque riverain à se poser en vérité la question de la sagesse
d’un engagement limité à la « préconisation » d’une ville qui, jusqu’à
présent, n’a pas démontré qu’elle pouvait imposer à ses partenaires,
EPADESA comme DEFACTO, le respect des devoirs minima d’entretien, de
réparation et d’amélioration d’un quartier incorporé à La Défense.
L’histoire
récente, à travers les expropriations des Damiers à Courbevoie ou de la
Tour Majunga aux Platanes (initialement prévue comme une tour
végétalisée) ont prouvé, s’il en était besoin, que les promesses
n’engagent au fond que ceux qui les croient.
Sylvie Cancelloni
Conseillère municipale de Puteaux,
suppléante du député UDI de Neuilly-Puteaux