A Puteaux, des pressions "amicales" exercées sur les électeurs
mardi 24 avril 2012
Le 1er tour de l'élection présidentielle a une nouvelle fois été marquée, dans les bureaux de vote de Puteaux, par plusieurs faits anormaux : des pressions plus ou moins amicales.
Ainsi, selon le parti socialiste local, un militant UMP a été vu en train de consulter des cahiers d'émargements pour téléphoner ensuite à des personnes qui n'étaient pas venues voter.
L'UMP locale exerce une forte pression sur la population en général, et en particulier sur les locataires HLM, qui sont parfois aussi employés de la ville. Cette pression ne s'efface pas lors des scrutins : on donne le sentiment aux citoyens, qui ont bénéficé d'un logement, d'une place en crèche, d'un emploi ou de tout autre avantage, qu'ils sont redevables de ce "cadeau" et donc qu'en retour, ils doivent "bien voter".
Une parano peut parfois s'installer : "si je ne vote pas UMP, je perdrai..." (au choix) : "mon logement", "mon emploi" ou telle ou telle promesse... "Vous comprenez, j'ai une demande de logement en attente aux HLM", me dit un habitant du bas de Puteaux.
"On m'a conseillé de prendre la carte UMP", me dit un autre putéolien, "Ils vérifient si on va voter", m'explique-t-il. "Dans les bureaux, ils sont là. Ils regardent quels bulletins on prend", m'affirme une dame de la rue Cartault.
Dans le bureau n°1, celui de l'Hôtel-de-ville, l'isoloir est exactement placé en dessous de l'une des caméras de vidéosurveillance du hall administratif. Cela fait plusieurs scrutins que l'opposition fait constater cette anomalie. Le représentant de la préfecture a plusieurs fois fait déplacer les isoloirs. Mais à chaque scrutin, les isoloirs sont remis juste en-dessous de cette caméra. Même si celle-ci n'enregistre rien, il s'agit pour la majorité d'entretenir la paranoïa : donner le sentiment aux électeurs qu'ils sont sous surveillance jusque dans les isoloirs et que leur vote n'est pas si secret que cela.
Dans les bureaux du haut de la ville, au milieu des tours HLM, les électeurs sont accueillis par des militants UMP connus de tous. Ils sont parfois employés municipaux comme eux. Ils habitent la même cité, le même immeuble, le même escalier. La pression est amicale ; le regard et le sourire sont insistants ; Ils rappellent la consigne de vote, au cas où ; "service contre service". Ici, on se comprend.
Le système donne encore quelques résultats. Dimanche dernier, Nicolas Sarkozy a fait 35% des voix à Puteaux. Mais on est loin des scores soviétiques des précédentes décennies. C'est la preuve que les électeurs putéoliens ne se laissent toutefois plus si berner.