ZAC Coeur de ville à Puteaux : le logement social traîté à minima
mercredi 16 décembre 2009
Lors du conseil municipal du jeudi 10 décembre 2009, le maire de Puteaux a présenté (Question 17 de l'ordre du jour) le bilan de la concertation et le dossier de création de la ZAC Cœur de ville. L'insuffisance de garantie en matière de logements sociaux a conduit le groupe Alternance Puteaux, qui réunit les élus MoDem et Vert, à voter CONTRE ce dossier.
Voici notre position sur ce dossier :
Il s’agit de l’achèvement du périmètre Haussmanien et la fin de l’opération d’embellissement de la Place Stalingrad et du centre-ville. Vous avez choisi, pour mener à bien ce programme, la forme de la ZAC privée. La ville n’est-elle donc pas capable elle-même de procéder à ses réaménagements ? Vous la justifiez par votre volonté de lutter contre l’habitat insalubre. Cela n’est –il pas du ressort de l’OPAH ? Ne confond-on pas trop rapidement à Puteaux habitat dégradé et habitat insalubre ?
Car mettre en route une ZAC privée n’est pas simple. Il y a des contraintes importantes. Face à ces contraintes, il y a des techniques pour les contourner : la vôtre, c’est de procéder à la création d’un établissement public. En fait, de concentrer sur la zone Bourse Emploi, Puteaux Emploi et une future « Maison du droit ». Hop, la ZAC privée est rendue possible. Si cela améliore l’employabilité des Putéoliens, tant mieux. Mais je reste intriguée par le fait que ce regroupement n’est pas mentionné dans le dossier que vous nous présentez en Conseil municipal. Pourquoi ?Vous avez donc confié à un promoteur privé la construction de logements privés, vous réservant de votre côté l’aménagement de la place de Stalingrad et la « valorisation » des commerces du secteur.
Vous vous vantez de mener à cette occasion une politique sociale exemplaire par la construction de 15% de HLM sur ce quartier nouveau. Puis-je me permettre de vous rappeler qu’il ne s’agit pas de votre volonté, mais d’une obligation légale, à laquelle vous souscrivez a minima : vous auriez pu choisir d’en faire 18 ou 20% en finançant la différence à partir de simples économies de gestion de la ville (ou en affectant le produit de la vente d’une maison dont vous avez immobilisé le capital et payé l’entretien pendant plus de 10 ans – cf question N° 15). Vous nous dites que l'opérateur privé n'aurait pu rentabiliser son affaire au delà de ce seuil : quels intérêts défendons-nous ?
Cela fera au total 39 logements sociaux, dispersés dans l’îlot résidentiel, ce qui est bien sur le principe, mais très insuffisant en nombre au regard des familles et des personnes âgées qui seront expropriées. Car, dans une ZAC privée, le maire ne fait pas le « sale travail » : il le fait faire par le promoteur privé ! A cette observation, vous répondez que ce n’est pas « votre problème, mais celui du promoteur ». C’est une réponse un peu légère pour un maire ayant un mandat national de député et se proclamant résolument sociale. Je ne peux m’empêcher de penser aux propriétaires de la ZAC Charcot (au nord des Bergères) qui sont dans la même situation : vous avez délégué à l’EPAD le droit d’exproprier vos habitants. L’EPAD le fait avec l’humanité qu’on sait. Nous avons tous les jours des courriers de propriétaires consternés que nous vous prions publiquement, Madame le maire, de protéger désormais.
Vous ne pouvez vous désintéresser du relogement des personnes de la ZAC Cœur de Ville. Ce serait d’autant plus malhonnête que vous passez votre temps à présenter cette opération comme un modèle de politique sociale !
L’embellissement d’une ville est louable. Renforcer l’attractivité commerciale d’un quartier aussi. Mais ce que vous proposez est loin d’être une révolution copernicienne. La surface attribuée au commerce de proximité reste sensiblement la même, vous ripolinez les devantures, vous faites appliquer une charte des commerces sans stratégie ni politique d’identité commerciale… Tout près de La Défense, en l’absence d’une politique d’urbanisation commerciale explicite, vous vous contentez de retoucher le décor… C’est un peu court.
Par ailleurs, les « Haussmaniens » attendent de vous des réponses claires sur les hauteurs d’alignement de la zone et la réalité d’une percée verte évoquée dans l’opération. Dans votre présentation, vous n’en dites pas grand-chose, si ce n’est que « les remarques enregistrées concernent principalement les hauteurs des futurs bâtiments… ». On fera quoi, Madame ? En tant que Présidente de l’EPAD, vous savez qu’on ne peut (c’est au moins la pensée officielle) échapper à la « densification ». En tant que maire de Puteaux, vous esquivez la question. Quelle casquette va l’emporter ? Moi, je le dis aux Haussmaniens : la trouée verte promise, ce sera une ouverture par des grilles sur un jardin intérieur. La hauteur des immeubles ? Plus probablement 5 à 6 étages que les 3 initialement promis…
Madame, vous vous présentez souvent comme une gestionnaire et une femme de cœur. Vous donnez volontiers des leçons de compassion. Pas plus tard que ce jour, vous nous annoncez consacrer votre réveillon aux plus démunis. Allez donc jusqu’au bout, Madame, de la transparence, de la vérité et de la justice. Il y a des pauvretés qui ne rapportent rien, si ce n’est la satisfaction personnelle d’avoir fait son devoir.
Sylvie Cancelloni
Conseillère municipale MoDem de Puteaux