1er anniversaire de la piscine de Puteaux : le "palais" de toutes les erreurs
lundi 02 juillet 2007
Le 1er juillet 2006, il y a tout juste un an, était inauguré le "Palais" des sports sur l'île de Puteaux. Les Putéoliens, privés de piscine depuis 2000, découvraient un véritable ClubMed sur Seine : des bâtiments immenses, 3 bassins pour les grands et les petits ouverts 7 jours sur 7, un espace forme avec sauna et hammam, une salle de musculation, une autre d'escrime... On nous promettait aussi alors un restaurant, une salle de danse et une multitude d'animations.
J'ai pu assister à cette inauguration et réaliser un petit film : partie 1, partie 2.
Un an plus tard quel bilan peut-on faire de cette piscine hors normes ?
Charles Ceccaldi-Raynaud s'est vanté d'avoir lui même dessiné les plans de ce "palais" au style mussolinien. Hélas, notre architecte en chef a commis plusieurs erreurs de conception. "Rien n'est aux normes, aucune compétition ne pourra se dérouler dans cette piscine", constate une nageuse. En fait de "palais des sports", il s'agit d'un centre de loisirs.
Des installations mal conçues, voire dangereuses
"Quand je viens à la piscine, j'apporte mon casque", plaisante un putéolien. On ne compte plus les chutes et les gros bobos : le revêtement autour des bassins est extrêmement glissant ! "Casse gueule", résume un jeune de Puteaux.
Le "palais" possède dans ses sous-sols une salle d'escrime. Malheureusement, les concepteurs ont oublié d'y installer une climatisation. Comme cette salle se trouve près de la chaufferie, il y fait une chaleur étouffante. Dans cette même salle, les tribunes du public ont été installées à l'extrémité des pistes et pas sur les côtés. Pas pratique pour observer les touches des escrimeurs : les spectateurs peuvent admirer leur dos !
En mars dernier, lors d'un conseil municipal, Joëlle Ceccaldi révélaient discrètement une autre anomalie de conception : l'immense restaurant, qui devait occuper l'étage du "palais", n'ouvrirait jamais... faute d'issues ! Un peu bête !
Une gestion courante alléatoire
La direction du "palais" des sports pratique-t-elle le passe droit ? En avril dernier, je mettais en ligne une copie d'un bon pour une entrée gratuite à l'espace forme. On m'a répondu que ces bons étaient donnés lorsque l'espace devait être fermé pour raisons techniques. Les pannes sont semble-t-il très courantes.
Plusieurs fois au cours de l'année écoulée, on m'a signalé des changements d'horaires arbitraires, des putéoliens se retrouvant devant des portes fermées. La direction est-elle à la hauteur de la tache ?
La mairie n'avait pas prévu de parking !
L'île de Puteaux n'est pas extensible. Il était facile de prévoir que la piscine, plus les salles de sports, plus le gymnase, allaient attirer du monde et que ce monde allait venir en voiture. Or, la mairie n'a pas prévu de parking. Joëlle Ceccaldi-Raynaud avoue lors d'une assemblée générale du club de natation n'y avoir pas pensé. C'est un terrain d'entrainement de foot -le seul qui était mis à la disposition des jeunes dans le bas de la ville- qui sert de parking. Et celui-ci est fermé à chaque manifestation (Puteaux plage, cirque, expositions...) : se garer l'été sur l'île est proprement impossible. Le parking le plus proche se trouve à 700 m près du Théâtre.
Un gouffre énergétique !
A l'heure des normes HQE (haute qualité environ- nementale), ce bâtiment se classe plutôt en PPE (le Pire Pour l'Environnement) : notre piscine est la seule de la région à posséder un bassin extérieur de 50m non couvert et fonctionnant toute l'année, y compris l'hiver. Un non sens en Ile-de-France. Il y a une liaison permettant aux nageurs de passer du bassin de 25m intérieur au bassin extérieur tout en restant dans l’eau. Pour compenser la déperdition de chaleur, et maintenir la température de l'eau à 30°, la chaufferie tourne à plein régime. Certains soirs, cet automne et cet hiver, le bassin extèrieur a toutefois été fermé.. pour "manque de visibilité" ! Il y avait tant de brouillard que les maîtres-nageurs n'y voyaient rien. Le spectacle de ces maîtres-nageurs emmitouflés et tapant de la chaussure au bord du bassin a aussi apitoyé plus d'un nageur. Un habitant de la tour "Le France" raconte : "Quand la nuit tombe, j'observe depuis mon balcon la piscine et ses fumées de vapeur qui s'enroulent, soufflées par le vent, en me demandant quelle étincelle de bon sens a manqué aux constructeurs pour avoir conçu cet ectoplasme tropical en plein coeur de Puteaux".
Une facture salée
Annoncée pour 19 millions d'euros (chiffre comuniqué par la majorité municipale), la facture du "palais" est en réalité plus proche des 40 millions. Et interrogée sur le coût de fonctionnement, Joëlle Ceccaldi affirme tranquillement qu'elle n'en a aucune idée ! Rien que pour la maintenance technique, la société Elyo, filiale de Suez, s'assure pourtant un marché annuel d'un million d'euros...
Dans un rapport sévère, la Chambre régionale des comptes a dénoncé ces anomalies : "(..) La commune n’a pu communiquer à la Chambre divers documents prévus par la loi MOP : le programme, les études d’esquisse et les études d’avant-projet sommaire et définitif (..) Les estimations (sur le coût d'exploitation du palais) n’ont pas été communiquées au conseil municipal (..)".
Une paternité contestée
Charles Ceccaldi-Raynaud et Joëlle Ceccaldi-Raynaud revendiquent tous les 2 l'existence de ce bâtiment... Le père allant même jusqu'à faire distribuer un tract (ci-dessous) pour dénoncer sa fille. Mais franchement, ont-ils raison de se battre pour une réalisation qui nous promet sans doute encore de nombreuses mauvaises surprises....
MES PHOTOS DU PALAIS DES SPORTS SUR FLICKR