A vous la parole ! Envoyez-moi vos textes sur Puteaux. Voici celui d'Henri, qui ne manquera pas de produire, j'imagine, de nombreuses réactions :
"Depuis au moins trois ans, je suis un lecteur fidèle de votre "blog" qui est une source réelle d'information en même temps qu'une occasion d'amusement, assez fréquente je dois dire, lorsque vous évoquez avec humour les dérives ou frasques politico-familiales au sein de notre ville. Je vous précise que je ne me situe pas sur votre bord politique mais bien sur celui dont se recommande cette municipalité que vous brocardez à juste titre. Contradiction, direz-vous ! N'en croyez rien. Mes options politico-économiques sur les plans national et sociétal ne rejoignent en aucune manière le fonctionnement d'un "système" familial putéolien encore mieux connu grâce à vous, ni ne lui valent approbation, tant s'en faut.
Cette longue introduction vous aura prouvé, s’il était besoin (mais j’en doute), que vous avez donc des lecteurs qui apprécient votre veille exigeante sur la vie putéolienne (c’est là que vous êtes le meilleur), sans pour autant vous rejoindre sur vos choix politiques (c’est là que vous êtes le moins bon).
C’est sur le plan de la veille et de l’observation que je souhaiterais parfois que vous évoquiez dans vos sujets certaines dérives et désordres de rue que nous connaissons à Puteaux, quand bien même ils n’ont rien à voir avec ce triste “anniversaire des émeutes” auquel on ne peut échapper.
Je vous avais écrit à l’occasion de l’expulsion du “squat” de la rue du Four, expulsion nécessaire au vu des graves risques que recelait le bâtiment (c’était après les deux incendies mortels parisiens), la mairie alors, n’ayant agi que trop tardivement mais se félicitant, après coup, d’avoir pris l’initiative…
Ce quartier n’évolue pas exactement comme on l’imaginerait. Exemples.
Fin mai, un samedi après-midi, lors d’une arrestation très mouvementée d’un dealer devant un petit hôtel de la rue Mars et Roty, plus de 100 personnes entouraient deux policiers en civil violemment pris à partie. L’un des deux a été blessé. Plusieurs véhicules de police ont alors rappliqué, avec plusieurs dizaines d’hommes en uniforme et d’autres en civil avec brassard. Ils sont revenus à trois reprises, commissaire en tête, le soir même et quelques jours après, deux fois dans la même soirée. C’est suite à cette intervention policière et aux contrôles effectués ce jour-là et les suivants, que l’hôtel en question et un “kébab”, sur le boulevard, ont fait l’objet d’une fermeture administrative de plusieurs mois.
La semaine dernière, en début de soirée, c’est une rixe entre plusieurs dizaines de jeunes, toujours rue Benoît-Malon, qui nous a valu le retour des “bleus” et des brassards fluos. Sous mes yeux, un grand gars (faut-il écrire un “jeune”) a brisé un grand miroir monté sur bois sur la tête d’un autre. Cette fois-ci, nous avons donc eu en plus une ambulance.
Ces jeunes ont sans doute toutes les bonnes raisons du monde de rester plantés dehors jusqu’à point d’heure, à longueur d’année, de préférence au coin de la rue du Four, véritable dépotoir, près de ce terrain fermé où la mairie promet, depuis tant d’années, un équipement pour la petite enfance (qui viendra, soyons-en sûrs, à l’occasion des municipales).
Un peu plus tôt, dans la journée, ces mêmes jeunes se mêlent aux nombreuses jellabas et pantalons roulés dans les chaussettes de nos amis salafistes qui ont de plus en plus de succès et qui ont, faut-il s’en féliciter ?, ramené à eux plusieurs de ces “jeunes”. Le Cybervillage est leur lieu de rendez-vous préféré. Le long de ce square fermé de grilles (il s’y passait de douteux de trafics nocturnes protégés par de bruyants pittbulls, avant que l’aire de jeux qui le jouxtait soit incendié, il y a une dizaine d'années), dans ce vieux Puteaux si délicieusement décoré de ses enseignes de rue suspendues, le contraste ne manque pas de surprendre !
Tout ceci pour dire que Puteaux, c’est aussi cette réalité.
Oh, certes, rien de comparable avec le calvaire que d’autres vivent dans ces banlieues que j’évoquais plus haut. Et si l’on veut rester, malgré tout “artisan de paix”, il faut parfois avoir le cœur bien accroché ou, tout simplement “y croire”, ce qui n’est pas simple. Mais enfin, si je vous écris tout cela, c’est pour vous sensibiliser à un aspect de la vie putéolienne totalement passé sous silence par la fine équipe qui nous dirige (cela ferait désordre) et qui préfère amuser les gogos avec les décoration d’Halloween.
Cet aspect n’est pas plaisant. Il est triste autant qu’inacceptable et laisse imaginer, ce qui n’est pas difficile, combien il doit être insupportable ailleurs, là où c’est pire.
Henri"