Cambriolage à la Tour Bolloré de Puteaux : les cambrioleurs se sont laissés filmer
jeudi 14 avril 2005
Selon Le Monde, qui fait une comparaison avec l'affaire du Watergate, les cambrioleurs du bureau de Michel Roussin, dans la tour du groupe Bolloré à Puteaux, "se sont laissés filmer par les caméras de surveillance, pourtant nettement visibles, et l'enregistrement atteste qu'ils sont restés sur place durant trois heures et dix minutes, entre 2 heures et 6 heures du matin".
"Qu'ont-ils pu faire dans deux bureaux durant tout ce temps, s'interroge le journaliste du Monde ? Etaient-ils à la recherche de documents ou sont-ils venus retirer comme leurs prédécesseurs du Watergate un dispositif de surveillance qui y aurait été placé auparavant ? Dans ces hypothèses, n'auraient-ils pas agi de façon plus discrète ?
Ces questions sont désormais posées aux enquêteurs, saisis après le dépôt d'une plainte par le groupe Bolloré. Mercredi, elles ont suffisamment préoccupé le pouvoir pour que les hiérarchies policière et judiciaire multiplient les demandes de renseignement sur les premiers éléments constatés.
Les deux bureaux ont été placés sous scellés et M. Roussin, officier de gendarmerie et ancien des services secrets, a été convoqué, jeudi, par la police, mais cette fois en qualité de victime".
Dans l'entourage de Michel Roussin, qui est depuis 1999 vice-président de Bolloré, chargé de l'Afrique, on évoquait "l'hypothèse d'une tentative de déstabilisation", selon une dépêche de l'AP.
Qui est Michel Roussin ? Libération (source : dépêche Reuters) nous le présente :
"Ancien officier de gendarmerie, ex-cadre des services secrets devenu homme de confiance de Jacques Chirac dans les années 80, ministre de la Coopération du gouvernement Balladur entre 1993 et 1994, Michel Roussin a gardé le silence, malgré plusieurs gardes à vue, quatre mises en examen et quelques jours de prison en décembre 2000.
Dans le dossier des marchés publics, des chefs d'entreprise, des cadres du RPR et des responsables politiques le présentent comme l'organisateur du financement occulte du parti chiraquien.
Au printemps 2004, il a refusé une place éligible sur la liste UMP aux élections européennes, qui lui aurait accordé l'immunité parlementaire, un cadeau jugé peut-être empoisonné.
En mai 2002, juste avant l'élection présidentielle, le Canard enchaîné a affirmé qu'il avait mis à l'abri un enregistrement audio de ses "souvenirs", à l'image de l'ancien financier occulte du RPR, Jean-Claude Méry. Michel Roussin a démenti.
Né en 1939 au Maroc, Michel Roussin a connu d'abord une ascension linéaire dans la gendarmerie, avant de devenir, de 1977 à 1981, directeur de cabinet du patron du SDECE, l'ancêtre de la DGSE (services secrets).
En 1983, Jacques Chirac le prend comme conseiller à la Ville de Paris, où il sera deviendra son chef de cabinet (1984-1986), puis son directeur de cabinet (1989-1993). Il sera le chef de cabinet du Premier ministre Jacques Chirac entre 1986 et 1988".