Moins d'ouvriers, plus de cadres : Puteaux s'embourgeoise
mardi 18 janvier 2005
La municipalité affirme, dans le dernier numéro de "Puteaux infos" (janvier2005) avoir demandé au CREDOC de réaliser une étude sur l'évolution de la population putéolienne.
"Depuis une dizaine d'années, peut-on lire dans le magazine municipal, la ville de Puteaux fait l'objet d'un important renouvellement urbain, avec la construction de résidences de standing et un habitat social de qualité". Formule douce pour exprimer le fait que notre commune se vide de sa population modeste et devient un Neuilly-Bis.
Le sentiment que nous exprimions depuis des années ici et ailleurs se révèle pleinement à travers les chiffres que la mairie a bien voulu rendre public (on aimerait avoir l'étude complète, madame le maire, un peu de transparence !).
La population de Puteaux, qui atteignait près de 43.000 habitants en 1990, a continuellement baissé pendant une dizaine d'années, pour passer sous la barre des 40.000 en 2003 ! A partir de ce moment là, la population remonte, pour atteindre 42.000 habitants en 2004 (chiffres tirés du 1er graphique page 17 de Puteaux info de janvier 2005). La destruction de logements populaire, qui a entrainé le départ de centaines de familles modestes tout le long des années 90, a été compensée ces toutes dernières années par la réalisation d'une quinzaine de programmes immobiliers de standing.
Depuis les années 90, "le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur a fortement augmenté". "Cette observation est cohérente avec la modification de la structure sociale de la population observée depuis le recensement de 1990". Ce n'est pas moi qui le dit !
De 1990 à 1999, l'augmentation du nombre de propriétaires a été de 13%, tandis que le nombre de locataires baissait de 3%. En 2004, "Puteaux a attiré 17% d'acheteurs qui étaient auparavant domiciliés à Paris". L'évolution de la taille des appartements entre 1990 et 1999 confirme celle de la structure sociale, peut-on lire dans cette étude du CREDOC : "ce sont surtout les 4 pièces qui ont connu la plus forte augmentation depuis 1990. Les ménages de cadres ou de professions intermédiaires avec enfants représentent la part essentielle de la population des nouveaux acquéreurs".
Entre 1990 et 1999, les ménages dont le chef de famille est cadre ont augmenté de 5,8%. Les ménages dont le chef de famille est ouvrier ont en revanche reculé de 29,9% ! (voir tableau page 18 de "Puteaux infos" de janvier 2005).
Un peu plus loin, dans "Puteaux infos", la mairie nous apprend que plus de 1.100 familles se sont installées à Puteaux en 2004 : "Le profil type d'un ménage nouvellement arrivé à Puteaux se caractérise par un chef de famille cadre, ou exerçant une profession intellectuelle, travaillant dans l'agglomération parisienne, âgé de 30 à 50 ans, diplômé de l'enseignement supérieur, avec 2 ou 3 enfants. Le développement de ce type de population génère une forte demande d'équipement, espaces et services publics en matière de prestations sportives et culturelles pour toute la famille : bibliothèques, médiathèques, piscines, centres sportifs sont autant de structures plébiscitées tout comme les crèches".
Pendant une décennie, nous avons assisté dans notre ville à une véritable épuration sociale (le terme est volontairement provoquant, mais n'est-il pas pensé comme cela par certains de nos élus ?). De nombreuses familles modestes ont dû partir. Cette population est aujourd'hui remplacée par des proprios "bobos". Celle-là même, font remarquer certains, qui a permis à Bertrand Delanoë d'être élu maire de Paris... Car cette population instruite, bien informée, indépendante financièrement, donc peu sensible au clientélisme, a soif de démocratie et d'honnêteté politique.