La Défense : la mairie de Puteaux prépare l'après EPAD
mercredi 04 août 2004
Le quartier de La Défense, entre le pont de Neuilly et la Grande Arche, est pratiquement achevé : quelques tours doivent encore être construites jusqu'en 2006 ou 2007, mais après plus rien. Alors, l'EPAD, l'établissement public qui a été chargé ces 45 dernières années d'aménager le quartier d'affaires, n'aura plus de raison d'être.
L'Etat, la région, le département et les communes (Puteaux, Courbevoie et Nanterre) : qui prendra la relève pour gérer cet immense pôle d'activité, avec ses 3 millions de m2 de bureaux, ses 150.000 emplois, ses 15.000 logements et les 500.000 voyageurs qui empruntent chaque jour ses gares RER, SNCF et RATP ?
"Les enjeux économiques sont trop importants pour confier la gestion de La Défense aux seules communes. La région Ile-de-France pourrait se substituer à l'Etat", avancent en substance les grandes sociétés du quartier d'affaires réunies au sein de l'AUDE (Association des Utilisateur de la Défense).
L'Etat souhaite pourtant que ce soient les 3 communes concernées (Puteaux, Courbevoie et Nanterre) qui assurent avec le département des Hauts-de-Seine la co-gestion du quartier. Mais les communes elles-même ne sont pas d'accord. Elles rappellent à l'Etat sa promesse faite au moment de la création de La Défense : les communes, dont les populations ont déjà eu à subir le traumatisme des expropriations, n'auront, ni aujourd'hui, ni demain, à supporter le coût financier de ce projet national (et gaullien).
La communes rechigent donc, même si La Défense leur rapporte beaucoup d'argent : 150 millions d'euros par an, rien qu'en taxes professionnelles et autres compensations versées par l'Etat. Puteaux en récupère la plus grosse part. Cette manne fait de notre ville l'une des plus riches de France !
Pour les caisses de l'Etat, l'enjeu est aussi de taille : les entreprises de La Défense génèrent plus de 3 milliards et demi d'euros de TVA !
En rapport, les coûts d'exploitation du quartier semblent ridicules : une dizaine de millions d'euros par an. Selon l'EPAD, c'est même moins que cela : 6 millions d'euros en 2003 (c'est le montant de son déficit pris en charge par la collectivité nationale). La Défense génère en effet aussi des revenus, notamment grâce à ses parkings souterrains, dont les places sont louées aux entreprises.
Qui donc va payer ces 6 et quelques millions d'euros annuel ? c'est toute la question qui se pose actuellement. L'Etat et les communes pourraient aussi bien s'entendre en faisant supporter cette charge aux entreprises de La Défense. Mais celles-ci se rebiffent. Le président de l'AUDE, Christian Joubert, prévient : "Une nouvelle taxe au titre de l'exploitation du quartier serait inacceptable. Ce serait un cas unique en France. Et cela pourrait amener certains des grands employeurs de La Défense à quitter ce quartier pour aller ailleurs en Ile-de-France"... Il ne s'agit pas de tuer la poule aux oeufs d'or !
Avant que les négociations (politiques et financières) ne s'engagent, la mairie de Puteaux veut pouvoir avancer ses billes : elle a chargé une société d'audit "d'inventorier les éléments composants le patrimoine de l'EPAD situés sur le territoire de la ville et lister les travaux de rénovation, entretien, réfection ou remplacement à exécuter sur ces éléments". Les sociétés "Sechaud et Bossuyt" et CEBTP assureront ce travail pour un coût de 684.000 euros. Il s'agira de démontrer que le quartier tombe en ruine et que les travaux de rénovation et même de simple entretien représentent des milliards !
Le grand marchandage de La Défense promet d'être comme cet été : très chaud !
(RÉACTUALISATION D'UN ARTICLE PUBLIÉ POUR LA PREMIERE FOIS EN DÉCEMBRE 2003)